Le coaching re-visité en utilisant le tableau de G. KLIMT - L’Arbre de Vie
L’Arbre de Vie de KLIMT, étudiée sous l’angle du coaching, qui nous permettra d’illustrer tout le processus de coaching, ce qui se passe, ce qui se vit pour le coach et pour le coaché tout au long des séances, cette posture bien particulière qui est la clef de voute du coach.
KLIMT est un des peintres majeurs du mouvement Art Nouveau du début du XXème siècle. Ce mouvement, accessible à tous du fait de ses différentes représentations et symboles, s’appuie sur l’esthétique et les lignes courbes[1]. Il permet au public de laisser aller assez facilement son imaginaire et son ressenti.
L’Arbre de Vie a été réalisé en 1909 dans un palais bruxellois pour un banquier belge (Adolphe Stoclet). Il fait partie d’une frise complète (ci-dessus) composée de 3 panneaux :
- À gauche : « l’Attente »
- Au centre : « l’Arbre de Vie »
- À droite : « l’Accomplissement »
Quand j’ai découvert cette peinture, il y a quelques années, elle m’a beaucoup touchée. Je ne saurais expliquer pour quelles raisons car il s’est surtout agi d’un ressenti, d’une émotion, qui m’ont traversés et envahis, un appel du cœur, je crois. Et cela est resté comme ça, latent, pendant plusieurs mois. Je n’y ai plus vraiment pensé jusqu’à l’achat, l’aménagement et la décoration de ma nouvelle maison où il m‘est apparu comme évident que j’avais envie de l’accrocher chez moi.
Pour quelles raisons ? J’en vois 3 principales :
- Symboliquement, il représente un nouveau départ, le fait que tout est possible, quel que soit le chemin (représenté par les branches de l’arbre).
- Émotionnellement, ses côtés délicat, joyeux, majestueux, doux et beau m’émeuvent. Ils me permettent à chaque fois de me plonger dans un univers différent fait de changements et de découvertes, d’avancées, de passages. Il m’arrive aussi de m’attarder sur un détail que je n’avais pas vu la fois d’avant.
- Artistiquement, la scénographie m’interpelle de par les 3 panneaux : des personnages très élégants de part et d’autre de l’arbre, la pureté des courbes, les couleurs chatoyantes, la structure solide et inébranlable de l’arbre lui-même.
Au moment de choisir une œuvre pour en parler sous l’angle du coaching, il m’a donc paru évident de commenter cette fresque. Et j’avais aussi envie d’en partager une autre vision.
En effet, dans cette œuvre, l’artiste a mis en scène :
[1] Source Wikipédia
À GAUCHE, L’ATTENTE
qui peut correspondre en coaching à la situation de départ, l’accueil, le début, l’arrivée du coaché avec son questionnement, son état d’esprit du moment : le RPBDC[1] ou si nous faisons le parallèle avec le macro-processus[2] : la demande, la mission (le contrat).
Or, selon Woody Allen, « le commencement est un moment d'une délicatesse extrême... »
Le début du coaching est en effet un moment qui exige beaucoup de délicatesse. Le coaché venant avec l’intention d’avancer, la crainte de l’inconnu, il est nécessaire de prendre toutes les précautions afin de créer l’alliance avec lui et de ne surtout pas casser son attente.
Ici, la jeune femme regarde devant elle. Son visage est détendu. Elle est divinement vêtue. Sa robe par la variété de ses couleurs, leur complémentarité, l’harmonie qui s’en dégage, peut représenter la richesse intérieure de cette femme. Les triangles ou pyramides qui la composent me font penser au fait que cette personne est stable malgré le questionnement qui peut l’habiter. Le triangle est aussi le profil de la pointe de la flèche, le symbole de la direction, de la détermination, de la pénétration[3]. Elle semble vraiment avoir envie d’avancer, d’aller de l’avant, elle semble prête à regarder les choses de plus près, à se poser les questions dont elle a besoin pour aller sur son chemin. Elle dégage une certaine détermination.
Afin de poser les bases du coaching, de la suite, des futures séances, le coach pourra ainsi poser et se poser les questions suivantes :
- Quelle est la réalité du coaché ?
- Quel est son problème ?
- Quel est son besoin ?
- Quelle est la demande ? Le coaché et le coach n’ont pas encore défini la demande, le questionnement sur lequel vont porter les séances suivantes.
Après avoir déterminé le besoin du coaché et l’avoir validé, le coaching peut débuter et nous arrivons ainsi à l’arbre, ce bel arbre majestueux.
[1] cf. les Responsables porteurs de sens de Vincent Lenhardt
[2] cf. cours Stéphane Seiracq
[3] Source Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Symbolique_du_triangle
DONC, AU CENTRE, L’ARBRE DE VIE
Tout d’abord admirons-le dans son ensemble :
Il est ancré dans le sol et ses branches s’élèvent vers le ciel, vers la lumière. Il croît au fil des jours, des semaines, des années jusqu’à atteindre sa maturité, son apogée (dernière partie de la fresque).
Il exprime de ce fait le changement en cours et/ou qui va s’effectuer, les chemins empruntés, les hypothèses posées ou prises, les prises de consciences ou les insights, le champ des possibles, les ponts ou les liens qui peuvent être faits en séance ou suite à la séance lorsque le coaché réfléchit tout seul, … Il représente le déroulé des séances entre le coach et le coaché.
Ce qui m’a tout de même ennuyée dans cette fresque, c’est que l’arbre ne possède pas de racines visibles. Elles n’apparaissent pas sur la peinture. Je les ai donc imaginées. Elles sont de multiples tailles, même si elles sont plutôt larges et longues, et entrent très profondément dans la Terre. Je les considère comme les ressources, les appuis, les acquis, les connaissances, le savoir (savoir-faire, savoir-être), … du coach et du coaché. Elles représentent la stabilité, l’ancrage, le socle, le potentiel de chacun.
Si nous le regardons maintenant plus dans le détail :
Le tronc
Il peut être considéré comme l’axe de la personne, son alignement.
Il symbolise également le passage entre le bas (les racines) et le haut (les branches, la conscience, la sagesse). Il peut également représenter le temps de la réflexion pour le coaché, un temps pour lui dans un lieu qui lui est totalement réservé, des moments de respirations pouvant être associés aux différentes bulles qui y sont dessinées. C’est là que se fait la réflexion du coaché, sa maturation, avant que les résultats de sa réflexion ne se manifestent en jaillissant dans les branches.
Le coach, grâce à ses questionnements et ses différents outils, va guider le coaché peu à peu et pas à pas, tout en précaution, vers le champ des possibles, les branches.
Les branches
Les branches quant à elles représentent les séances, les hypothèses que nous pouvons formuler au fur et à mesure du coaching, les avancées possibles, les solutions envisageables, les questionnements, les découvertes, les rencontres, les partages, les aspirations… Elles s’élèvent grâce à cette force puisée à la fois dans le tronc et dans les racines.
Sur celles-ci, selon le chemin emprunté, figurent des ponts, des champignons, un aigle, des yeux, des cailloux…, l’ensemble, tout en rondeur, en délicatesse.
Les ponts
Ou les passages. Il y a un avant (le questionnement) et un après (la prise de conscience, le changement). Les ponts sont des endroits encore délicats où le coaché prend le risque d’aller vers des territoires nouveaux, peu connus. Le coach peut lui aussi etre le pont entre 2 idées, 2 réflexions, 2 états. Il est un soutien qui permet au coaché de prendre des risques et d’avancer.
Les champignons
Ils sont les moments de repos, les prises de conscience de l’avancée réalisée, la prise de confiance dans cette avancée afin de continuer le chemin. Ne pas tomber dans l’illusion mais s’autoriser pourtant l’imaginaire.
L‘aigle
Cet oiseau majestueux parle de prendre conscience de ce qui se passe, de ce qui se vit, d’avoir une perspective globale, d’en haut, de dépasser ses limites et d’élever sa vision, de prendre du recul, … La position méta. En effet, en PNL, elle est définie comme une « position neutre qui permet d’observer les positions des différents acteurs d’une situation »[1]
L’œil
Il est présent plusieurs fois et sur les trois tableaux. Il est le regard d’amour nécessaire, la bienveillance, la foi en l’autre, en sa beauté et sa capacité. Il est la vigilance permanente du coach. Il est les protections et permissions à mettre en place pour la personne afin qu’elle puisse se reconnecter et avoir accès pleinement à sa puissance.
[Cf. Règle des 3P : la règle des 3P se compose du triptyque Permission, Protection, Puissance. La Permission de parler, associée à la Protection contre toute sanction pour ce qu'on aura pu dire, puis à la Puissance résultant de cette prise de parole, qui conduit à la libre expression, à l'autonomie. La règle des 3P peut être vue comme l'antidote vertueux au triangle dramatique de Karpman (Persécuteur, Sauveur, Victime)].[2]
De plus, en Orient, notamment en Turquie, l’œil bleu, ou le « nazar boncuk », « est là pour repousser les sorts, le « mal » et ainsi protéger la personne et ses biens »[3].
Les cailloux
Ils parlent des difficultés rencontrées, des résistances, des croyances, des filtres … tous ces freins qui nous empêchent d’avancer tranquillement à un moment donné de notre vie. Le fait de les voir, de les toucher du doigt, de les sentir parfois en soi nous permet de les mettre en lumière durant le processus afin de pouvoir les dépasser, les apprivoiser.
Les spirales
Elles sont présentes au bout de chaque branche, invoquent le temps, le rythme régulier, en douceur, sans heurts, les « hasards gorgés de sens » selon Carl Jung[4], le voyage à l’intérieur de soi, cette merveilleuse découverte. D’autant qu’en Occident, le temps est perçu de façon chronologique. Il est orienté vers l’avenir[5] . Il peut également s’agir d’ouverture, de démarrage, de nouveau chemin comme la spirale de la fougère naissante.
ET ENFIN, À DROITE, L’ACCOMPLISSEMENT
Le couple, l’union, l’homme et la femme sur ce panneau. Ils sont enlacés. Ils semblent paisibles, posés dans les bras l’un de l’autre. C’est comme s’ils avaient retrouvé leur chemin, leur équilibre, qu’ils s’étaient reconnectés à leurs ressources. Il est la représentation du nouvel état du coaché, le confort retrouvé d’être soi. Ils sont élégamment vêtus. Ici aussi, leurs robes sont flamboyantes. Elles sont ornées des symboles suivants : l’œil, les bulles, les fleurs, les carrés colorés.
L’œil
Il est ici inséré dans des bulles, ce qui donne au regard un caractère apaisé, plus léger (cf. ci-dessus).
Les bulles
Elles parlent de protection, de limites, de légèreté. Elles se déplacent librement. La pensée est devenue libre et légère.
Les fleurs
Elles représentent les cadeaux (que le coaché s’est fait à lui-même, mais aussi au coach), les prises de conscience, l’éclosion de la pensée créatrice du coaché, la reconnexion à ses ressources.
Les carrés colorés
Ils invoquent le cadre, les nouvelles frontières ou les frontières repoussées, assouplies suite au coaching. Je parlerais donc ici de consolidation, de réunification, le fait de se reconnecter à ses ressources. Le coaché intègre l’avancée réalisée et il la savoure.
Pour conclure, cette fresque, comme vous l’avez senti, est importante pour moi. Elle me permet vraiment de m’évader et parvient la plupart du temps à m’apaiser lorsque j’en ressens le besoin. En introduction, je vous confiais que je l’avais accrochée sur un des murs de ma nouvelle maison. Elle est donc également synonyme pour moi d’un commencement, d’un nouvel endroit, une nouvelle vie.
Une dernière remarque : les branches englobent les personnages et vont au-delà. La réflexion dépasse le cadre, elle était là avant et sera là après le coaching. Nous ne maîtrisons pas les pensées. C’est une représentation de la délicatesse, mais aussi de la nécessaire humilité du travail de coaching.