Le déni - quand l’armure se fissure et laisse entrer la lumière

Le déni.
Il y a une quinzaine d'années, ce mot est apparu dans mon vocabulaire.
Avant cela, il n'était qu'un mot assez abstrait pour moi. Je n'avais pas vraiment en tête ce que cela pouvait impliquer comme pensées, comportements, conscientisation.
Il peut sembler dur, presque accusateur, comme si l’on se reprochait de ne pas avoir voulu voir, pas voulu entendre, pas voulu savoir.
Pourtant, le déni n’est pas un mensonge conscient que l’on se fait.
C’est comme une armure que l’on porte.
Un réflexe de survie.
Un voile qui protège son cœur ou son corps vulnérables lorsqu’une vérité est trop lourde à porter, trop brutale à accueillir.
Il survient quand la réalité heurte nos croyances, nos repères, nos certitudes.
Il nous aide à continuer de fonctionner, à rester debout, à avancer tant bien que mal dans le quotidien.
C’est ce qui nous permet de sourire alors que l’intérieur vacille.
De travailler, d’élever nos enfants, de tenir un rôle social, alors que quelque chose en nous sait déjà que le sol se dérobe.
Le déni, c’est le « pas encore ».
- Pas encore prêt·e à voir.
- Pas encore prêt·e à sentir.
- Pas encore prêt·e à changer.
Les formes silencieuses du déni
Le déni est souvent subtil, presque imperceptible.
Il prend la forme d’un :
- « ce n’est pas si grave »,
- « je vais m’y faire »,
- ou encore « ça ira mieux demain ».
Et il s’installe dans nos silences, dans nos compromis, dans ces petites anesthésies du cœur que l’on s’inflige pour ne pas sentir trop fort.
Il peut concerner des domaines très différents de nos vies :
- une relation que l’on maintient par habitude,
- un travail qui nous use et que l’on justifie par la sécurité,
- un mal-être profond que l’on recouvre d’activités et de distractions,
- une vérité intérieure étouffée sous le poids des rôles et des responsabilités.

Chacun, chacune, traverse un jour ou l’autre ce territoire du déni.
Et c’est une étape. Une transition nécessaire pour préserver notre intégrité, en attendant que nous soyons prêts à franchir un cap.
Le moment où la fissure apparaît
Puis, un jour, quelque chose se fissure.
Cela peut être lors d'une conversation, d'une rencontre, d'une fatigue qui ne passe pas, une coïncidence qui semble anodine et qui soudain, fait tout basculer.
Cela peut être un simple détail : une phrase entendue, un regard, une évidence qui s’impose avec douceur.
Ce petit signe agit comme une clé qui déverrouille la porte.

Ce que l'on croyait réglé,
Ce que l'on croyait dépassé,
Ce que l'on croyait derrière nous,
Une vérité que nous repoussions se présente, claire, nue.
Et là, elle ne peut plus être ignorée.
Loin d’être un effondrement, ce moment est souvent le début d’une libération, même si sur le moment, il est difficile de voir les choses ainsi.
En sortant peu à peu de ce déni, nous cessons de dépenser notre énergie à maintenir ce qui est en fait seulement des illusions.
Et nous récupérons cette force jusque-là mobilisée pour cacher, minimiser, anesthésier.
Et cette force, nous pouvons désormais l’utiliser pour transformer.
C’est là que commence le vrai chemin : celui de l’alignement, du courage, de la création d’une vie qui nous ressemble.
Traverser le passage
« Maintenant, je choisis. Maintenant, je m’autorise. Maintenant, je crée. »
Et c’est précisément dans ce passage qu'un accompagnement prend toute sa place.
Pas pour imposer une route toute tracée, pour offrir un espace sûr.
- Un espace où la vérité peut être accueillie sans peur.
- Un espace où le choc se transforme en élan.
- Un espace où la lumière peut entrer, et où chacun, chacune, retrouve sa puissance.
Et si, vous acceptiez de regarder cette fissure comme une ouverture, que se passerait-il ?

Du déni au rayonnement
Ce qui me fascine dans ce processus, c’est qu’il n’y a pas de retour en arrière possible.
Une fois que la lumière est entrée, même par une minuscule fissure, on ne peut plus refermer totalement la porte.
On peut essayer, bien sûr, de retrouver l’aveuglement confortable, mais quelque chose en nous sait désormais.
Et ce savoir devient une force.
Sortir du déni, c’est retrouver sa souveraineté.
C’est reprendre la main sur son histoire.
C’est se réconcilier avec ses désirs profonds, avec ses choix, avec sa liberté intérieure.

Le déni est donc un allié provisoire non un ennemi.
Il nous garde vivants quand nous ne sommes pas encore prêts.
Mais tôt ou tard, la vie nous invite à voir plus clair.
Et ce moment – celui où l’on ouvre enfin les yeux – est le début d’une nouvelle histoire.
- Le début d’un chemin vers soi.
- Le début d’une danse avec ses désirs.
- Le début d’une vie qui, enfin, rayonne de l’intérieur vers l’extérieur.
Alors libérez-vous. Avancez. Rayonnez.
Il y a quinze ans, ce mot me paraissait abstrait.
Aujourd’hui, je sais que derrière lui se cache un chemin : celui du passage de l’ombre à la lumière.